Un jeudi soir de novembre, j’ai décidé d’aller à l’Institut des cultures d’Islam. Un nouveau lieu culturel dans le 18e arrondissement dédié à l’Islam et sa culture, comme le nom du bâtiment l’indique, simple à comprendre. Il y a des salles de conférences, exposition et aussi une salle de prière. Et ce lieu ne manque pas d’alimenter les polémiques. Entorse à la laïcité, subvention déguisée en faveur des musulmans du quartier pour un certain grand nombre, qu’ils soient de gauche et de droite. D’un côté, les musulmans y voient une manière de l’état et l’occurrence de la mairie de Paris de promouvoir un Islam de France à sa sauce. Au final, ce lieu ne convient à personne.

Entrée libre

Mais rien n’empêche d’aller jeter un coup d’œil voir ce qu’il s’y passe et ce soir-là, il y avait une conférence sur le voile. Déjà, la chose qui frappe, c’est qu’il n’y a qu’une femme voilée dans le public, le public est ceci dit essentiellement blanc, féminin, de jeunes étudiantes, des vieilles soixante-huitarde. Dire que le public est de bobo gauche amateur de thé à la menthe serait cliché. 

Voici le résumé de la conférence, avec ma compréhension.

Le voile, obsession française

Ah ces femmes qui mettent un voile, enfin des voiles, objet d’obsession de nos politiques depuis quasiment trente ans avec l’affaire de la collégienne de Creil en 1989. Alors que ses parents se contenter de sortir au marché avec son foulard, voilà qu’on découvre que ces immigrés ont une religion, et que leurs progénitures voudraient en plus d’affirmer leur religion, avoir accès au savoir. Et c’est une surenchère de loi contre le voile, les nounous, les sorties scolaires, maintenant, on veut l’interdire à l’université, la Caf, les musée, tout est bon pour taper sous ses pauvres femmes qui demandent qu’à être libre.

Liberté !

La liberté, plus qu’un mot, un slogan. C’est ce à quoi aspirent ces femmes voilées. Alors qu’on nous a fait croire qu’une femme libre était une femme pouvant s’habiller en jupe, tailleur, jean, voilà que ces musulmanes défient l’ordre établi qui voudraient que la femme soit séduisante par la visibilité de son corps. Un voile acheté à Kiabi assorti à des ballerines Bata, avec un sac Louis Vitton, un blouson Zara, des lunettes de soleil Chanel, un voile français, occidental en sorte ! Dans cette France inoxydable blanche, bourgeoise, catho laïque, ce voile s’inscrit comme un symbole de résistance, de rébellion. Mais ces femmes voilées sont plurielles dans leur parcours, dans leur style, et trouvent toujours une parade pour rester dans leur conviction tout en s’affirmant, professionnellement, socialement, ne voulant pas rester cantonner à leur maison, ce que produisent paradoxalement les lois des politiques, alors qu’ils voulaient soit disant les libérer… Ces techniques vont de créer son entreprise, travailler dans le business éthique, profession libérale. Dans le milieu hospitalier, les charlottes, les blouses larges permettent à ces femmes de garder leur pudeur, tolérés par les cadres des milieux hospitaliers, car ils ont compris que nous avons besoin de cette main d’œuvres aux origines diverses et variés.

Ces idiomes de voiles fait débat et divergence au sein de la communauté musulmane, entre le jilbeb et le petit foulard modest fashion, y a un monde !

Bien sûr à force de vouloir s’affirmer voilées, partout là, où on s’attend le moins, cela fini un moment par créer des polémiques. Et c’est bien souvent lorsqu’elles veulent s’inscrire dans le récit national qu’elles se prennent le retour de bâton. Que ce soit celle qui a voulu se présenter aux législatives sous l’étiquette Npa. Ou bien Latifa Ibn Ziaten, la mère d’une victime de Merah, se faisant huée dans le temple républicain qu’est l’Assemblée nationale. Faut faire un choix, on ne par exemple être supporté de Paris et de Marseille en même temps.

Mais ne soyons pas naïf derrière le combat du voile, c’est le combat contre l’Islam et les musulmans. Et l’avenir n’est pas très rassurant pour ces derniers en France. 

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